Cénote
en collaboration avec Goupile
type : installation visuelle & sonore interactive
matériaux : bois, papier sumi, vidéoprojection
diffusion sonore stéréo
dispositif de contrôle pour le spectateur X,Y,Z
Goupile
Goupile est chercheuse et musicienne.
Recherches conduites par le passé à l’Ecole Normale Supérieure, l’Institut de Recherche Acoustique Musique IRCAM, et aujourd'hui à l’Université of East London.
Nous utilisons les programmes D.A.V.I.D. and A.N.G.U.S.
développés par Jean-Julien Aucouturier, Marco Liuni et leurs collègues : projet CREAM (http://cream.ircam.fr/; PDS / IRCAM, Paris, France).
Cette installation tente de créer une expérience immersive au sein d’une cavité : le cénote.
Les cénotes sont des puits naturels parfois remplis d’eau de mer lorsqu’ils communiquent avec les océans, qui peuvent atteindre plusieurs dizaines, voire centaines de mètres de profondeur. Leur nom provient du maya dz’onot signifiant « puits sacré », via l’espagnol cénote : certains d’entre eux étaient en effet considérés par les Mayas comme communiquant avec
l’« inframonde » et on y jetait des offrandes aux dieux du Xibalba. En Bretagne, le terme goule, issu du latin gula, gosier, bouche, a le sens de grotte. Ces goules sont habitées par des figures mythiques locales : des fées, on les nomme « fées des houles ».
Nous travaillons sur les dissonances et résonances émotionnelles, perceptuelles, cognitives, sociales et politiques créées par différents types de matériaux visuels et sonores associés aux cénotes, et par extensions aux grottes. Nous explorons ainsi le concept de résonance associés à différents types de cénotes ou grottes à plusieurs niveaux, qui correspondent à autant de versions de l'installation.Dans cette version du cénote, nous avons collecté de nombreux sons et visuels en «field recording», notamment dans les espaces des grottes naturelles et intertidales appelées goules et houles. Nous avons principalement travaillé sur les résonances émotionnelles. Divers sons étaient coloriés avec les signatures acoustiques affectives humaines,et nous invitions le spectateur à créer & s’immerger dans différentes ambiances sonores. Dans cette installation l’expérience de la contagion émotionnelle s’effectuait au sein d’un environnement en forme de mimésis d’un environnement naturel : une fosse aquatique & maritime.
Dossier sur le processus de recherche-création à télécharger :
Matériel sonore & vidéo installé :
goules et houles, cétacés, une démarche ethnographique
Mythes & archétypes :
Ces paysages sonores et visuels reconstruits, nous les avons choisi car ils sont archétypaux :
nous utilisons des extraits sonores & visuels d'espèces ou de lieux qui localement ont abrité des mythes et suscitent encore aujourd'hui projections et affects multiples voire opposés : comme les vocalisations de cétacés & les gouffres sous marins.
Immersion et boucles :
Nous travaillons sur des boucles visuelles et sonores : des captations vidéos ont été effectuée dans des grottes immergées, ainsi que des captations sonores. Des travelling au sein de ces espaces répètent à l'infini ces passages du clair à l'obscur. Ces tunnels évoquent les écrits de Lovecraft, ou les near death experience, les cycles émotionnels.
Houles & goules :
grottes intertidales, fées & féetauds. Nous nous sommes intéressées aux collectes folkloriques et ethnographiques effectuées par Paul Sébillot et Françoise Morvan à propos des goules et houles (grottes marines) dans lesquelles vivaient des fées. Ces personnages ambivalent étaient capables de grande bonté comme d'une violente cruauté. Les grottes intertidales abritent donc autour de Saint Malo des figures mythiques à la fois éoliennes et chtoniennes.
Collectes in situ : les grands dauphins de la baie de Somme
Pour symboliser les créatures mythiques associées aux grottes, nous avons collecté des sons par hydrophones & récupéré des données stockées sur internet, ou par le biais de chercheurs en bio acoustique travaillant sur la communication des cétacés. Nous avons aussi contacté une association de suivi des cétacés en baie de Somme qui nous a confié des enregistrements.
Les grands dauphins sont présents en baie de Somme et alentour : là où nous présentions notre premier cénote.
Ces animaux suscitent l’intérêt et l’affection du grand public : peut-être car leur anthropomorphisme fascine.
En Europe, des traces de leur mythification remontent jusqu’en Grèce antique. Une collecte ethno-graphique réalisée en Amazonie en 2012 nous avait familiarisé avec les mythes du boto, (ou encore Inia geoffrensis). Le dauphin rose d’Amazonie est une figure mythique locale.
Nous avons collecté différentes typologies de sons :
sifflements, clics d’écholocation, bray calls, burst pulses, sons à basse fréquence que nous avons ensuite réassemblés.
Une chasse a été reconstituée avec un «victory squeal». Le contrôleur sonore permet de naviguer entre des vocalisations
Scénographie : le cénote
Dans le dispositif les images sont projetées et apparaissent des deux côtés du cénote, pour une impression de transparence.
Le dispositif sonore en stéréo s'effectue en 3 points avec un SUB placé derrière le contrôleur sonore.
Collectes sonores & mixage : techniques utilisées
Le contrôleur sonore permet de naviguer entre des vocalisations.
Nous avons collecté des sons par hydrophones & récupéré des données stockées sur internet ou par des associations & chercheurs. Nous avons également enregistré des ambiances sonores dans des grottes intertidales pour effectuer notre design d'ambiance sonore.
Cette boucle sonore a ensuite été traité par DAVID et ANGUS sur maxMSP et Ableton live afin que les pistes sonores soient affectées à un contrôleur de type X,Y,Z
Nous avons obtenu plusieurs pistes : une piste "neutral", une piste "angry", une piste "sad", une piste "happy".
Le contrôleur sonore permet à l'utilisateur d'interagir avec ces pistes sonores et de modifier les gains audios des pistes pour faire varier les "émotions sonores" : propres aux êtres humains.
L'univers maritime est modulé au gré des envies. Le langage des dauphins est coloré émotivement, par anthropomorphisme.